Au cas où la question vous tarauderait, sachez que l’otolithe est une concrétion minérale située dans la partie vestibulaire de l’oreille interne et qui, à ce titre, joue un rôle important dans l’équilibre lié à la perception des mouvements. Que Loren Chasse et Michael Northam aient choisi cet intitulé pour leur première collaboration discographique ne surprend pas, tant la démarche des deux artistes américains s’inscrit dans un espace à la frontière du paysage sonore et de l’exploration sensorielle de phénomènes physiques. Souvent associé à Brandon Labelle ou Jim Haynes (au sein respectivement d’idBattery et Coelacanth), Chasse ouvre à présent son univers de field recordings, objets résonnants et traitements électroniques à celui très proche de Northam que l’on avait déjà repéré aux côtés de John Grzinich ou Joel Stern. Grincement de poulies, humidité des profondeurs, cloches battues par le vent qui se métamorphosent en bols tibétains, échos fantomatiques qui virent au souffle chargé de particules, rideaux de pluie, métal, bois sont des éléments que l’on discerne subrepticement avant qu’ils ne s’évaporent dans le mirage où ils avaient vu le jour. Aux sources acoustiques naturelles se mêlent parfois des textures instrumentales bourdonnantes (notamment sur « Crag » ainsi que sur l’excellent « The Spectral Harvest ») que l’on attribuerait volontiers à la harpe magnétique de Northam, fonctionnant autant comme un instrument à corde qu’un modulateur de timbre. Lenteur hypnotique et densité vibratoire viennent conclure le disque avec « Eggeater’s Retreat », longue pièce chargée en harmonium et dont le penchant hyperbolique reste bien enfoui sous un drone épais et lancinant.
~jcg
un CD paru chez Helen Scarsdale Agency (HMS014) ; distribution : Metamkine
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