10/09/2010

Linda Aubry Bullock :: Ray of Dark

En 1998, Madonna sortait son septième album, Ray of Light, lequel s’est écoulé à plus de vingt millions d’exemplaires. Si Ray of Dark pourrait passer pour la réponse de Linda Aubry Bullock à l’icône pop, il est peu probable que son disque rencontre le même succès commercial car, curieusement, les ambiances post-industrielles à base de feedback de guitare, de boucles répétitives et de collages sonores incongrus semblent toucher moins facilement le cœur des masses. Pour son premier album, Aubry Bullock opère seule ou en compagnie de Ray Hare (alias Fossils from the Sun, guitare, voix), Eric Hardiman (alias Rambutan, basse, synthétiseur) ou encore son Michael T. Bullock de mari (basse, banjo). Le climat est sombre, diffus, englué, parfois sous l’emprise d’une mécanique machinale comme sur le morceau-titre où d’informes distorsions sont recouvertes par un lourd motif percussif martelé imperturbablement tout du long. Tout ça sonne très eighties jusqu’à ce que l’on distingue en arrière-fond (mais pas suffisamment pour que l’on puisse l’ignorer) le plus improbable des passages : une reprise manifestement alcoolisée d’un tube de not’ Cloclo national et capturée à la terrasse d’un troquet franchouillard ! Ahurissant autant par sa nature que sa durée (près de deux minutes), ce fragment de field recording arrache un sourire dubitatif mais n’apporte guère de substance à un ensemble essentiellement amorphe. Etrangement, les deux derniers titres du disque tranchent avec la tendance générale et offrent une diversité rafraîchissante : basée sur les divagations de Seth Cluett, « The Story of Mike » nous révèle le secret bien gardé de la naissance de Monsieur Bullock tandis que « A Specific Gravity » tire son épingle du jeu dans un registre minimaliste abrasif.

~ jcg

un CD paru chez Sedimental (sedcd056) ; distribution : Metamkine

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