22/09/2010

Pumice :: s/t

Pumice (en français : pierre ponce) fait tout l’inverse de ce que laisse imaginer son nom d’artiste : loin d’aplanir les callosités, il aurait plutôt tendance à en recouvrir la surface de tout ce qu’il touche. Et, effectivement, la musique de Stefan Neville (c’est son état civil) a la peau dure et des petits pâtés gris entre les orteils. Du grunge ? Pas vraiment, plutôt des chansons émaciées, attaquées par la rouille et qui rejettent en bloc toute idée de sophistication. Digne représentant de la scène lo-fi néo-zélandaise, Pumice aime les guitares désaccordées avec la pédale « delay » enfoncée au maximum, a une affection certaine pour les magnéto-cassettes bon marché et ne rechigne pas quand il faut jouer soi-même des percussions rudimentaires. Tout ça en même temps, à la manière d’un homme-orchestre qui donne tout ce qu’il a devant un public de cinq personnes au fond d’une cave humide. Trois titres, dont la durée totale n’excède guère les vingt minutes, composent ce mini-album. La face A, noyée sous la distorsion, est occupée par une ballade psychédélique qui n’est pas sans rappeler les tous premiers efforts de Royal Trux ou Smog à la fin des années 1980. Au rugby, un tacle à hauteur de la tête ce n’est pas très réglo ; le « Head High Tackle » ouvrant la face B n’est guère plus aimable avec sa guitare plombée qui s’inspire presque du thème de « Hey, Hey, My, My » de Neil Young, quelques octaves plus bas et pataugeant dans la boue. C’est enfin Lou Barlow (version Sentridoh) qui vient à l’esprit en écoutant « The Screaming Heap », complainte à fleur de peau avec une voix enfouie dans la distance et accompagnée de quelques cordes gratouillées sommairement. Indubitablement sincères, (faussement ?) naïfs, les bricolages de Pumice nous replongent dans quelques poussiéreux souvenirs mais n’en gardent pas moins une fraîcheur quasi-juvénile.

~ jcg

un vinyle 25 cm paru chez Doubtful Sounds (doubt04) ; distribution : Metamkine

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