24/09/2010

Quatuor Qwat Neum Sixx :: Live at Festival NPAI 2007

Le temps passe et joue des tours, comme lorsqu’il soustrait à notre vigilance un disque qui n’avait pourtant aucune raison de s’y dérober. Les couleurs vives de sa pochette et sa confection artisanale (ah, cette réalisation toujours soignée des productions Amor Fati !) avaient d’ailleurs tout pour retenir l’attention mais il a fallu qu’il en soit autrement. Heureusement, des forces providentielles sont venues replacer ce CD, paru en 2009, tout en haut de la pile « à écouter ». C’est donc sur le tard que l’on (re)découvre cet opus du quatuor Qwat Neum Sixx, emmené par Daunik Lazro (saxophone baryton) qui s’entoure de Sophie Agnel (piano), Michael Nick (violon) et Jérôme Noetinger (dispositif électroacoustique). Ces quatre improvisateurs de la scène hexagonale se connaissent bien : Lazro a joué avec Nick au sein des quartets Aérolithes et NOHC, Agnel et Noetinger furent réunis sur Rouge Gris Bruit paru chez Potlatch et, à cela, s’ajoutent d’autres combinaisons n’ayant pas vu le jour discographique. Enregistré lors de la vingt-deuxième et avant-dernière édition du festival NPAI (RIP), cet assemblage, bien qu’inédit, a donc des airs de réunion de famille. Et, effectivement, un indéfinissable sentiment de proximité, d’entente tacite émane de ce disque où personne n’élève la voix et ne recherche la lumière des projecteurs ; mmmh, à la réflexion, ça ne ressemble pas tant que ça à une réunion de famille ! Il n’y a pas réellement de mouvement collectif dans cette musique mais plutôt une multitude de propositions qui se réticulent progressivement en une trame versatile faite de murmures discrets, de barrissements rauques, de couinements furtifs, de crissements dans l’arrière-plan et autres coups de bêche dans des sillons arides. Lentement, les mailles se font et se défont au gré des interventions de chacun. Les grommellements déchirants sortis du sax de Lazro contrastent avec le doigté évanescent du jeu d’Agnel qui n’hésite pas non plus à recourir aux frappes lourdes, usant d’un arsenal de préparations sur les cordes de son instrument. L’acharnement méticuleux de Nick sur les sonorités graves trouve un équilibre avec les incisions agiles de Noetinger qui produit quelques saisissantes accélérations en faisant tourner les bobines de son ReVox et ajoute pas mal de dynamique à l’ensemble en vaporisant des particules aux quatre vents. Alors, improvisation électroacoustique, free jazz, réductionnisme, musique de chambre ? Un peu tout ça, rien du tout ? Peu importe, comme disait l’autre : « le style, c’est l’oubli de tous les styles ».

~ jcg

un CD paru chez Amor Fati (FATUM 017) ; distribution : Metamkine

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