19/01/2010

Micro_Penis :: LP

On ne se retrouve pas forcément tous les jours avec un Micro_Penis entre les mains. Ceux désireux d'en faire l’expérience feraient bien de traquer un exemplaire de ce LP, troisième parution chez Doubtful Sounds qui demeure fidèle au vinyle. Un bel objet, comme on dit, avec sa sérigraphie noir et blanc, son graphisme velu et une surprise rose à l’intérieur (non, ce n’est pas ce que vous croyez). Quatre gaillards du Haut-Rhin parviennent à se dissimuler derrière cet intitulé évocateur : Alexandre Kittel, François Heyer, Claude Spenlehauer et Sébastien Borgo (ce dernier officiant, entre autre, au sein de Sun Plexus 2), tous davantage amochés sur le plan neurologique qu'au niveau de leur production de testostérone. Musique sans pincettes et sans détours, la production sonore du groupe (à base de voix, électronique, objets, sax, trombone, basse) navigue entre vociférations paranoïaques, troubles digestifs et masturbation instrumentale de la main gauche. Folie feinte, évidemment, mais qui parvient quand même à créer l’inconfort dès le percutant « Ouvrez !!! », qui simule, comme si vous y étiez, la descente matinale d’une milice hydrocéphale à votre domicile. Idem pour le singulier « Helikoptr » qui arrache quelques sourires crispés à l’écoute de cette succession de bips-bips, mélodica destroy, gargouillements de circuits imprimés, crise de tachycardie et autres accès de delirium (« meee touche paaas ! »). Au total, pas mal de boucan avec trois bouts de ficelle, tirant à l’occasion vers la no wave la plus glauque, l’impro lobotomisée ou l’indus claustrophobe (on songe à un moment au « Tanz Debil » d’Einstürzende Neubauten qui, comparativement, sonne comme un cantique de Noël). De l'obscur, du moite, du malsain et finalement un hymne à l’art brut aussi bancal qu'il se doit. A écouter avec ou sans barbituriques.

~jcg

un LP paru chez Doubtful Sounds (doubt03) ; distribution : Metamkine

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