14/07/2010

Geoff Gersh :: These Predicaments

Eh oui, difficile de détourner le regard du visuel pour le moins…heu…particulier de cet album de Geoff Gersh ! Au début on se dit qu’il doit s’agir d’une erreur d’impression, que ce gamin au teint violacé et couvert de rongeurs aurait du illustrer une version du Joueur de Flûte de Hamelin pour maniaco-dépressif, pas la pochette d’un disque de musique expérimentale. En considérant mieux la chose, on se dit qu’on tient là une pièce de choix pour le MoBA. Finalement on découvre avec stupeur que l’onirisme gothico-kitsch (pardon du pléonasme) laissé à notre contemplation est un choix assumé puisque These Predicaments a même été composé spécialement pour l’auteur de cette croûte. Le nom de l’artiste ? David Stoupakis. Nul besoin de préciser qu’une visite de son site web s’impose à ceux avides de prolonger l’expérience sensorielle et, franchement, comment rester de marbre face à cette somptueuse peinture commise pour un album de Korn ? Mais alors la musique est-elle à la hauteur du packaging ? Bonne nouvelle (si l’on peut dire) : non. Contraste oblige, on est même surpris par cette relative sobriété : du drone mollasson où le vent souffle doucement et emplit un espace traversé de guitares atmosphériques. Il s’agit d’ailleurs de l’instrument de prédilection de Gersh qui est quand même parvenu à s’incruster dans le gigantesque casting d’interprètes d’œuvres de Glenn Branca (Hallucination City) ou Rhys Chatham (A Crimson Grail). Mais le passage d’exécutant à compositeur est une autre paire de manches et, même si certains passages ne sont pas désagréables, on peine à se laisser conquérir par ces lents mouvements sans relief dont les accents mélodiques douceâtres donnent à l’ensemble un goût bien fade.

~ jcg

un CD paru chez Deep Listening Institute (DL 42 2009)