06/08/2010

Aluk Todolo :: Finsternis

Le trio formé par Shantidas Riedacker (guitare), Matthieu Canaguier (basse) et Antoine Hadjioannou (batterie) emprunte son nom à l’animisme ancestral des torajas d’Indonésie, un peuple indigène pour qui les rites funéraires revêtent la plus haute importance. Aluk Todolo semble d’ailleurs avoir un goût prononcé pour l’ésotérisme de tout poil incluant bêtes à cornes et cérémonies enfumées : faut bien soigner son image métal quand même ! Les experts du genre se perdront peut être en conjectures pour déterminer si c’est le côté doom ou la dimension psychédélique qui l’emporte ici mais, d’une certaine manière, on s’en fout pas mal. On préfère partir à la dérive dans ces marécages saumâtres où l’atmosphère appauvrie en oxygène semble propice aux hallucinations. La première commence dès les premières secondes de Finsternis avec une rythmique binaire et répétitive qui ferait croire à la téléportation de Faust depuis les sessions d’Outside the Dream Syndicate en 1973. Les errances d’une guitare dissonante dissipent rapidement le mirage et s’emploient à tisser des textures de plus en plus stratifiées dont la lourdeur rappelle parfois les univers du Caspar Brötzmann Massaker voire de Fushitsusha, power trio par excellence avec qui Aluk Todolo partage une certaine fascination pour la noirceur. Au-delà des ambiances vénéneuses qui parviennent étonnamment à contourner le ridicule, apparaissent en filigrane incantations insidieuses, harmonies emphatiques et courtes poussées de fièvre : autant de détails fugaces qui s’intègrent naturellement à l’ensemble et n’en perturbent pas la pulsation suffocante. A noter que ce disque est la version LP de l’album sorti au format CD chez Utech en 2009. Public Guilt propose ici un nouveau visuel pour la pochette, 180 grammes de vinyle et surtout une seconde chance de découvrir cet étrange amalgame de krautrock sous kétamine et d’occultisme à la sauce Aleister Crowley.

~ jcg

un LP paru chez Public Guilt (PG021) ; distribution : Clear Spot